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Eloge de la biodiversité


crédit photo : @capelson


Dans notre premier article, nous avons fait le point sur la notion de biodiversité et les mille facettes que ce terme recouvre (trois plus exactement si vous avez bien suivi !). Si les menaces qui pèsent sur celle-ci sont nombreuses, on peut tout de même se demander pourquoi il est si important de préserver cette richesse et cette diversité. Plus concrètement, à quoi sert la biodiversité pour la planète et pour les êtres humains ? Loin d’être linéaire, la réponse peut se décliner sur plusieurs niveaux.


Un garde-manger fabuleux


Eh oui, la biodiversité, cela sert évidemment à manger puisque nous ne nous nourrissons que de choses vivantes (en dehors de l’eau et du sel). Or, pour survivre, nous avons besoin d’une alimentation riche et variée en termes d’apports alimentaires et de nutriments. Mais ce n’est pas uniquement la biodiversité de ce qu’on élève ou de ce qu’on prélève qui compte. Pour faire pousser des fruits, des légumes ou des céréales, nous avons besoin d’un sol riche, nourri par les milliards de micro-organismes qui s’y trouvent, nous avons besoin des insectes pollinisateurs qui permettent la fécondation des fleurs et la croissance des fruits. Ainsi, 70% des cultures (35% en masse) de ce que nous consommons dépendent d’une pollinisation animale.


Une précieuse trousse à pharmacie


En plus de nous permettre une alimentation variée, la biodiversité nous permet de nous soigner. Elle est d’abord une ressource pour les médecines dites traditionnelles, auxquelles ont recours près de 60% de la population mondiale, en soins de santé primaire et parfois même intégrée dans les systèmes de santé public. De nombreuses plantes sont aussi utilisées dans la fabrication de médicaments, ou bien servent d’inspiration et d’objet d’études pour les pharmaciens et biologistes développant de nouveaux principes actifs ou de nouveaux vaccins.

La diversité génétique permet aussi de limiter la propagation de maladies alors que la réduction des écosystèmes, la diminution de certaines espèces et la propagation d’autres plus invasives favorisent l’exposition des humains à certaines maladies spécifiques aux animaux. C’est ce qu’on appelle les zoonoses, et c’est une des hypothèses de la transmission du SARS-cov-2, le virus responsable du COVID-19, aux humains.


Le service de maintenance de la Planète


Les plantes nous soignent, les pollinisateurs et les microorganismes aident les plantes à pousser, la variété des gènes protège contre les maladies. Mais les millions d’espèces et leurs interactions nous rendent encore bien d’autres services. Traitement de l’eau, captation du CO2 et relargage de l’oxygène, enrichissement des sols, protection contre l’érosion, puits de chaleur urbains : tous ces services rendus par la nature et la biodiversité sont appelés des services écosystémiques. Cela veut dire que toutes ces interactions, tous ces échanges, toutes ces espèces, constituent une machine très complexe sans laquelle la vie sur Terre serait impensable.

On pourrait bien sûr envisager de remplacer cela par des solutions technologiques, comme par exemple les robots allant polliniser les fleurs à la place des abeilles. Mais le coût que cela représente est estimé deux fois supérieur à la valeur de ce que produisent les humains chaque année. Autrement dit, remplacer la nature par la technologie nous coûterait très très cher ! Au-delà du coût, l’aberration que ce monde tout robot fait naître ramène au dernier et non moindre rôle joué par la biodiversité.


Un totem à partager et entretenir


La biodiversité, celle des écosystèmes et des espèces notamment, est aussi importante pour son rôle culturel et sa place dans l’histoire de l’humanité. Toutes les cultures, toutes les populations ont en leur cœur des espèces vivantes, symboles de croyances, de divinités, totem commun de nos Histoires.

La présence autour de nous d’autres espèces, de la nature, a un rôle vital dans notre bien-être et notre équilibre mental. Nous ne pouvons vivre sereinement dans un environnement uniquement minéral, sans plantes, sans animaux. Au contraire, quel plaisir ressentons-nous en marchant dans une forêt, en écoutant le chant d’un oiseau, en levant les yeux devant un arbre centenaire aux mille ramifications, en observant un scarabée dans son jardin !

La nature nous inspire aussi, c’est le courant de pensée qu’on appelle le biomimétisme. Le scratch, les ailes des avions, les réseaux de neurones et l’intelligence artificielle…sont autant d’exemples d’imitation de la nature développés par les ingénieurs et les chercheurs.


Nous sommes une espèce parmi 8 à 12 millions, et nous avons viscéralement besoin de toutes les autres pour survivre. La valeur intrinsèque de la biodiversité est inestimable et se doit d’être protégée et défendue au-delà même de la question de son utilité pour l’être humain.

A nous de tout mettre en œuvre pour protéger tous ces écosystèmes, non pas avec une vision paternaliste de sauveur de l’humanité mais plutôt en reconsidérant notre place au sein de la nature, de la Terre-mère. Nous exploitons depuis longtemps les ressources de la terre, et notamment les ressources vivantes, comme autant de matières premières aptes à satisfaire nos envies de toujours plus. Et si nous repensions notre place au sein de la nature, en agissant à petit pas, au quotidien ou d’une façon qui résonne loin ?


Agir, s’engager, pour d’autres possibles


Dans l’article précédent, nous avons listé plusieurs ressources pour s’informer et découvrir les mystères de la biodiversité. Nous vous invitons à relire cet article pour retrouver ces références.


Agir :


- Rappelez-vous, nous ne mangeons que des aliments issus du vivant. En veillant à la provenance des produits qu’on mange, en privilégiant une alimentation locale, de saison et biologique, on agit directement sur l’agriculture intensive et donc sur la préservation de la biodiversité.

- Observer, écouter, être attentif à la richesse de notre environnement. Depuis son balcon, son jardin ou à l’occasion d’une balade dans la nature, on peut prendre le temps de guetter le scarabée rhinocéros, la mésange bleue ou les petites pousses de verdure entre les pavés. Prendre conscience de ce qui nous entoure donne irrémédiablement envie de prendre soin de ce trésor.

- Installer des nichoirs ou des mangeoires pour les oiseaux, ou des nids pour les chauve-souris, en se renseignant au préalable pour le faire soigneusement et dans le respect des espèces. Renseignez-vous sur le site de la Ligue pour la Protection des Oiseaux ou de l’association Tous Aux Abris !


S’engager :


- On peut avoir envie d’aller plus loin encore en s’engageant dans des mouvements, des actions de long terme ou des associations. La LPO invite par exemple à inscrire son jardin dans son répertoire commun avec le Muséum National d’Histoire Naturel pour suivre les populations d’oiseaux au cours de l’année.

- Aider les scientifiques à répertorier l’évolution des espèces et leur nombre. Par exemple, si vous avez un jardin ou un petit coin de nature pas loin de chez vous, lancez-vous dans une mission Hérisson ! Pour compter ces petites bestioles et savoir où en est leur population en France.

- Et si on lançait des bombes ? Oui mais des bombes à graines, pour enrichir les écosystèmes et offrir des réserves aux pollinisateurs.

- Soutenir par un engagement bénévole, militant ou financier des associations agissant pour la protection de la biodiversité comme le WWF, Sea Sheperd, ...

- Discuter, débattre, partager avec son entourage, passionnés de bestioles ou accro au béton. Informer le plus grand nombre est un enjeu capital pour que chacun prenne conscience de l’importance d’agir, à petite ou plus grande échelle.

- Enfin, les actions citées ici sont des actions individuelles, à la portée certaine et importante. Mais il faut aussi que des mesures de plus grande ampleur soient mises en place, à l’échelle des sociétés, des gouvernements, des États. Alors, agissons localement mais interpellons aussi les pouvoirs publics, nos politiques, nos députés, pour que de plus en plus de voix se fassent entendre, qui exigent plus de respect envers les autres espèces et les écosystèmes.


La biodiversité a une très forte capacité de résilience. Si on la laisse tranquille, elle peut repartir dans le bon sens et très vite. En 20 ans, 30 ans, - à peu près le temps qu’il a fallu pour la détruire - elle peut repartir. Mais il faut la laisser tranquille”. Jean-Marc Bonmatin, chercheur, toxicologue, expert des néonicotinoïdes.


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