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Un autre regard sur le vivant


- Oh regardez ! Une toile d’araignée !

- Où ça ? Où ça ?

- Iciiii !

- Mais oùuuuu ? Je ne vois pas ...


Je m’absente quelques secondes en cuisine avant de réapparaître dans le jardin, un bol de farine dans une main et une saupoudreuse dans l’autre. Comment ça, vous ne connaissiez pas les beignets frits farcis à la toile d’araignée ? .... Mais non, je plaisante évidemment ! J’avais bien sûr une autre idée en tête. J’éparpille donc par plusieurs petites touches une pluie blanche et fine sur la toile invisible à mes observateurs en culotte courte et là, magie ! Celle-ci apparaît beaucoup plus nette sous les yeux admiratifs de mon jeune public.

- Abracadabra, admirez mon beau tour de magie ! -


La toile continue de vibrer sous le poids de ma poudre enchantée, de sorte que notre demoiselle croyant attraper une proie, se précipite à toute vitesse à l’autre bout de son ouvrage. “Déçue”, elle revient bredouille mais va tranquillement reprendre ses quartiers au centre de son appât tout de soie tissé et où elle avait déjà installé son QG pour giboyer plus efficacement, optimisant sa surveillance et minimisant ses déplacements. Nul besoin de recourir à de savants calculs car, pour tracer la quadrature du cercle, tout est dans les glandes séricigènes et les talents de couturière hors pair de notre star du jour.


Nous passons souvent à côté de ces petites merveilles de la nature sans leur prêter réellement attention, sans les remarquer vraiment. Et pourtant, prendre le temps d’observer ces scènes les plus anodines : le ballet des abeilles qui butinent de fleur en fleur, la ronde des fourmis du terrier au garde-manger, le piaillement des oiseaux dans les arbres, etc. et de manière générale s’intéresser aux comportements des espèces mêmes les plus discrètes, les plus communes ou les plus éloignées génétiquement et biologiquement de l’humain, c’est comme se regarder dans un miroir. Si ces tableaux vivants ont en effet des choses à dire de leur beauté, de l’intelligence et de la sensibilité des personnages, de leur ingéniosité ; ils ont indéniablement quelque chose de plus subtil à raconter … de nous, de la connaissance de notre être profond et des liens qui unissent homo sapiens au reste du vivant, dans sa compréhension la plus globale.

Cet article vous invite, comme avec l’héroïne de Lewis Caroll, à passer de l’autre côté du miroir pour découvrir un récit alternatif à celui encore dominant, qui établit traditionnellement des frontières rigides entre les espèces. Dans ce récit, il sera question de coopération plutôt que de compétition et loi du plus fort, d’entraide plutôt que de concurrence pour survivre, d’états mentaux et de conscience riches et sensibles qui ne sont pas que le privilège de l’être humain. Nous verrons comment un autre regard sur l’autre vivant est possible !


- Voyage dans une autre galaxie, mais on reste bien sur la planète Terre -


Vous saviez peut-être que les éléphants avaient des égards pour leurs morts ? Que les pies reconnaissaient leur image dans un miroir ? Ou que les scientifiques étudient sérieusement la possibilité que les dauphins puissent s’appeler par leurs prénoms ? Mais imaginez que l’on vous dise aussi que les entomologistes documentent de plus en plus ce qui ressemblerait à des émotions chez l’abeille et même … chez la mouche ! 95% de toutes les espèces réunies sur la planète sont des invertébrés dont on fait peu cas et que l’on n’hésite guère à écrabouiller, pulvériser, exterminer ; et si nous considérons certains comme nuisibles (le débat reste ouvert !), d’autres ne le sont strictement pas et se contentent malheureusement de subir notre répugnance, notre phobie ou notre ignorance. Et si on commençait par les regarder aussi différemment ?


Prendre soin du vivant requiert de mieux le connaître, prendre conscience que les éléments qui nous rapprochent sont plus nombreux que ceux qui nous éloignent, entrer en empathie et en résonance avec le monde qui nous entoure, et dépasser certaines limites dont l’humanité s’est lestée. L’avènement, certes nécessaire, de notre époque rationaliste nous a toutefois dépossédés de notre capacité à considérer la vie comme un continuum et non pas uniquement comme des groupements d’individus inventoriés, classés, dissociés les uns des autres car disparates ou pour lesquels nous concédons seulement quelques points communs.


Le darwinisme à l'aune d'une meilleure connaissance du vivant


Des travaux et découvertes de Charles Darwin et jusqu’à très récemment, seule la grande théorie de l’évolution avait retenu l’attention dans le milieu scientifique et académique avant de se diffuser auprès du grand public. En effet, l’évolution biologique des espèces a été longtemps expliquée en grande partie par la sélection naturelle et la concurrence vitale, le « meilleur » d’entre les organismes seulement, celui ayant développé les fonctions biologiques les mieux adaptées pouvant survivre et évoluer au fil des générations.


On peut dire qu’en établissant une filiation biologique patente inter-espèces, Charles Darwin sur les pas d’intuitions d’autres biologistes qui l’ont précédé initie à minima un éclairage qui libère de dogmes anciens ou contemporains de son époque, attachés suivant les temps et les cultures à des visions qui utililitaristes ou asservissantes (emploi des animaux comme outil de travail), qui totemistes ou sacrificielles (abattages rituels ou offrandes aux dieux). L’ensemble de ces visions partagent des lectures anthropocentrées, établies selon le besoin matérialiste, existentiel ou moral de l’être humain et rarement envisagées du point de vue de l’animal lui-même avec ses attributs intrinsèques, du moins dans la pensée occidentale.


L’apport objectif de la science a été donc de poser les bases d’un intérêt pour les autres espèces, intérêt qui aida à s’émanciper du prisme humain pour aller progressivement d’une vision anthropocentrée vers une vision plus soucieuse du vivant dans son milieu. Cet angle de vue ne fut toutefois pas immédiatement biocentré, abolissant complètement la hiérarchie entre les espèces et accordant à chacune strictement la même dignité morale. Paradoxalement, cet intérêt est donc resté longtemps confiné à l’étude de compétences essentiellement physiologiques, phylogénétiques, écologiques ou paléontologiques et beaucoup moins aux questions éthologiques et comportementales, et notamment la question des émotions ou des interactions sociales attribuées traditionnellement à la seule espèce humaine. De telles tentatives étaient ainsi taxées d’un anthropomorphisme naïf et erroné, et étaient complètement inaudibles dans le milieu scientifique. C’est ainsi que le biocentrisme - appelé aussi écologie profonde - n'apparaît réellement que dans les années 1970, soit plus d’un siècle après la parution du texte fondateur de « L'origine des espèces ».


Le titre complet : « L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie », laisse d’ailleurs penser à tort que l’ouvrage n'aborde que les mécanismes compétitifs, qui éliminent les individus les plus faibles ou moins inaptes à s’adapter aux contraintes environnementales au détriment des plus forts. Or Darwin y avait bien abordé les interactions coopératives, les intégrant à son nouveau paradigme de la sélection naturelle, sans le contredire. Au sein d’un groupe d’individus, la sélection d’instincts de sympathie, de solidarité et de « compassion » envers les plus faibles (et ainsi de comportements pouvant être considérés anti-sélectifs) est ainsi également admise par Darwin qui, ce faisant, associe aux variations organiques qui opèrent dans le champs biologique, d’autres mécanismes qui opèrent dans le champs social et qui contribuent à la cohésion et donc au maintien du groupe. C’est ce qu’on appelle l’effet réversif de l’évolution : ou comment la sélection naturelle peut laisser des comportements sociaux ou moraux se développer, favorisant l'intérêt collectif à l'intérêt individuel.


Depuis quelques années, les ouvrages et les expositions se multiplient pour mieux transmettre la pensée complexe et les travaux prolifiques de Darwin, et déconstruire certains mythes forgés par des auteurs qui se sont empressés de détourner l’œuvre originale pour populariser des théories et des idéologies délétères à un fonctionnement sain de nos sociétés. C’est le cas du Spencerisme (dans lequel l’ultralibéralisme puise ses racines), l’eugénisme ou encore les errements du début de la sociobiologie quant à un supposé déterminisme génétique de certains comportements violents, sexistes ou racistes, prêtant le flanc à plusieurs dérives politiques.


Par ailleurs, à la suite de « L’origine des espèces », Charles Darwin écrivit un autre livre passé un peu plus sous silence : « L’expression des émotions chez l’homme … et chez les animaux ». La question de l’universalité des émotions le taraudait inlassablement, et à cet effet il énonça dans son livre à propos des expressions faciales que «… les jeunes et les vieux d'un très grand nombre de races, que cela soit chez les animaux ou les humains, expriment le même état d'esprit avec les mêmes mouvements. ». Dans cet autre champ d’études relevant plus de la psychologie (à laquelle Darwin aura beaucoup contribué), il établit en plus de la continuité biologique, une continuité “morale” entre l’humain et l’animal. Cet état de conscience morale reconnu en dehors de l’espèce humaine jette les bases d’une somme d’aptitudes aboutissant à des mécanismes interactionnels qui ne peuvent se fonder sur la seule compétition acharnée pour préserver la vie ! Étant d’ailleurs convaincu de l’existence d’un sens moral chez les animaux, Charles Darwin a tenté de façon remarquable mais pas suffisamment remarquée d’expliquer l’origine du sens moral chez l’homme par sa filiation au groupe des êtres sociaux pour lesquels l’instinct social prime sur l’instinct individuel.


Un autre point de vue sur l'anthropomorphisme


Pour en revenir à notre araignée, j’ai employé au début de cet article le terme « déçue » pour qualifier un des comportements observés au cours de notre expédition aux confins du jardin.


L’être humain est un être à la pensée symbolique très prononcée. Dans notre quotidien, nous utilisons souvent des comparatifs impliquant des qualités morales concernant les animaux, les insectes ou même des objets inanimés voire des phénomènes ou des concepts. Nous qualifions ainsi un bon vin comme étant « généreux », nous disons de la météo qu’elle peut être « capricieuse » ; et que dire de certains ouvrages comme « Les fables de la fontaine » qui met à l’honneur une fourmi « pas prêteuse » ou un corbeau « honteux et confus » ? Tout est-il à jeter dans cette tendance à l’anthropomorphisme des objets et surtout des animaux ?

- Syrphe pris en plein vol ou visage humain vu de profil ? -


Comme évoqué précédemment, le regard de l’humain sur les espèces avec lesquelles il interagit fut longtemps biaisé par des considérations anthropencentrées qui ont mené le plus souvent à des rapports nuisibles pour ces dernières : asservissement et extermination furent et continuent d’être le lot quotidien de beaucoup d’entre elles. Nous tombons toutefois à présent dans l’excès inverse ! Sous prétexte de garder un regard objectif sur les autres espèces, nous nous interdisons bien souvent à tort d’attribuer à ces dernières des qualités que nous estimons exclusivement attribuables aux humains, ce qui nous amène parfois à une méconnaissance voire à l’indifférence au sort qui leur est réservé. Considérer le vivant dans toute sa diversité et la complexité de ses interactions et des manifestations de son existence n’est toutefois pas un exercice facile. Comment reconnaître cette complexité et cette diversité sans tomber dans deux écueils qui s’opposent : d’un côté l’indifférence ou l’auto-censure qui nous permettent de facilement ignorer la souffrance et le mal-être infligés parfois aux animaux (de manière proportionnelle à leur capital “sympathie”) ; et de l’autre la personnification à outrance qui finit par instaurer des rapports ambigus voire malsains, ou bien encore détourner notre attention et nous empêcher d’agir de façon plus juste par rapport au besoin réel de l’animal.


Exemples d’interprétations possiblement anthropomorphisées de comportements animaux :

  • Les bélugas sont certes de nature sociable, mais cet individu filmé en train de “jouer” dans une baie ne serait pas particulièrement « taquin » dans son milieu naturel : son comportement aurait été conditionné en captivité avant que l’animal ne réussisse à s’échapper ou ne soit libéré, Lien ici.

  • La gorille femelle Koko a été éduquée par l’éthologue Penny Patterson pour communiquer en langage des signes, mais les circonstances dans lesquelles cette expérience a été conduite sont hautement questionnables d’un point de vue éthique et épistémologique, interrogeant également la validité des résultats obtenus et les conséquences psychologiques pour cette gorille, Lien ici.

Dans ces exemples, le biais de l’anthropomorphisme accule l’animal, en empêchant de prendre connaissance de certaines pratiques devant être vigoureusement dénoncées dans le premier cas, et en infligeant des souffrances inutiles dans le 2ème. Pour sortir de ce paradigme et trouver une manière juste de porter notre regard sur le vivant et d’interagir éthiquement et équitablement avec lui, nous devons commencer par changer de regard sur la notion même d’anthropomorphisme.


Dans le milieu de l’éthologie et du comportement animal, certains protagonistes proposent de «… faire l’histoire des animaux non pas du point de vue des hommes mais du point de vue des animaux », comme l’explique Eric Baratay dans cette émission de France Inter. Il faut donc se placer du point de vue pratique de l’animal, des ses besoins dans son milieu, avec toutefois les limites des connaissances biologiques et éthologiques disponibles.


L’autre clé pour un rapport plus juste de l’humain à l’animal peut paraître en contradiction avec le paragraphe précédent, mais il s’agit aussi comme l’envisage Vinciane Despret de ne pas récuser l’anthropomorphisme en bloc et d’en avoir une acceptation utile et modérée. Ainsi on pourrait partir de certaines notions que l’on pourrait admettre comme universelles – des notions primitives telles que le territoire qui pourrait être associé à des états de sécurité et de confort – et de les étendre à l’ensemble du vivant dans ce qui caractérise chacune des espèces (en l’occurrence les territoires d’un oiseau, d’un escargot ou d’un saumon sont très différents les uns des autres, mais l’état de sécurité et de bien-être que chacun procure est évident de par le fait de la recherche et de la subsistance de cette territorialité, voire par l’énergie et les stratégies employées à la défendre). Le sentiment de bien-être se manifesterait donc différemment d’une espèce à l’autre (c’est cette confusion qui serait anthropomorphique et qui est à éviter), mais nous partagerions dans ce cas entre humains et le reste des espèces cet universalisme basique qui nous permettrait de mieux expérimenter l’altérité inter espèces.


Un exemple fort et précis développé est celui des loups qui chantent en meute. Dans cet extrait, Despret reprend le philosophe Morizot qui conclut à un déterminisme du loup qui ne serait pas purement biologique mais également socio-culturel, tout comme chez l’homme pour qui certaines fonctions ont aussi des motifs cumulatifs.


Si je reprends l’exemple de l’araignée dans mon jardin, je peux ou bien supposer que l’exercice de sa territorialité soit une manifestation possible d’un besoin de sécurité et de bien-être au même titre que je peux l’expérimenter dans mon chez moi, ou bien ignorer cette possibilité avec toutes les transgressions morales, éthiques ou philosophiques qui pourraient en découler. Dans le premier cas, je pourrais étendre plus naturellement mon sentiment d’altruisme et d’empathie avec une meilleure prise en compte de cette araignée dans mon quotidien et de manière générale de tous les habitants de mon jardin, minimisant les actions négatives de ma part sur le territoire que chacun revendique, aménageant des espaces dédiés, acceptant de partager et de cohabiter, etc. Dans le deuxième cas, on peut malheureusement aisément faire le constat que la plupart des comportements de l’espèce humaine aboutissant à une destruction systématique et organisée d’habitats écologiques ont pour racine ce refus d’altérité.


Des études ayant pour but de comprendre nos tendances à l’anthropomorphisme posent celui-ci non plus comme un biais ou une confusion immature de la pensée mais, au contraire, comme un mécanisme fondamental très précoce répondant au besoin de construire des relations avec les autres, et mis en œuvre dès le plus jeune âge chez l’humain de façon native et non pas acquise. Cette compétence naturelle doit toutefois être accompagnée par une meilleure prise en compte de la subjectivité de nos interactions et leurs impacts, d’une meilleure connaissance des autres espèces avec lesquelles nous interagissons, ainsi que de la subjectivité et spécificité des perceptions propres à ces dernières.


Des aptitudes sociales des autres espèces


On mesure la difficulté parfois de bien cerner rigoureusement le sujet des émotions chez l’espèce humaine, et beaucoup reste encore à découvrir. Ce constat devient encore plus flagrant quand il s’agit d’étudier des comportements similaires chez les animaux. Toutefois, les études concernant les comportements sociaux, états mentaux et états de conscience de nombre d’espèces commencent à abonder et à être bien documentées par les chercheurs ; bien que parfois encore hésitantes quant aux interprétations à donner. Il est toutefois admis que beaucoup d'espèces vivent des sentiments qui peuvent être similaires à ceux humains mais différents dans leur manifestation. Il apparaît également légitime de nommer ces manifestations en utilisant le répertoire de mots que nous avons forgé pour nommer nos propres émotions. Voici quelques exemples empruntés à la littérature sur le sujet :


Chez les vertébrés

Chanson pour un enterrement


Des scènes étonnantes de “tristesse”, “recueillement” ou de “rituels funèbres" sont régulièrement observées chez des groupes de primates, comme ici avec des chimpanzés : Lien ici. Ou bien encore avec des éléphants : Lien ici et ici. Ou plus surprenant encore, avec des corvidés : Lien là.


Et que dire de cette maman dauphin pilote qui a été aperçue portant le corps de son petit sans vie plusieurs jours d’affilée, refusant de l’abandonner : vidéo ici.


Ces scènes interrogent fortement quant à la perception de la mort par les animaux et la manière avec laquelle ces derniers interagissent avec leurs défunts, sans parler de nombreux exemples que nous connaissons quant aux réactions de nos animaux de compagnie faisant suite au décès de leurs maîtres, et donc des aptitudes sociales inter-espèces.


Miroir mon beau miroir


Le domaine des émotions reste complexe, appliqué aux animaux non humains il semble se complexifier encore plus. Pour autant, de nombreux travaux réalisés par exemple à l’INRA à la demande de l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire) abonde dans le sens, au-delà des seules émotions, de l’existence d’une forme de conscience de soi en dehors de la l’espèce humaine. Beaucoup d’espèces animales, en plus d’être sentientes (ie : pouvant vivre des expériences subjectives), sont aussi méta-sentientes (ie : capable de comprendre ce qui leur arrive), conscientes de leur unicité (les grands singes et les cochons mais également les pies bavardes savent se reconnaître dans un miroir) et sont capables de gérer la notion de temps. Ces travaux et les découvertes qui en découlent sont cruciaux pour formuler aux États et aux institutions des recommandations pour l’élaboration de politiques et de lois qui permettent de mieux respecter le bien-être animal dans le cadre de nos interactions avec lui, que ce soit dans les élevages, les expérimentations scientifiques, le dressage, les parcs à thèmes, etc. C’est ainsi que le Code civil français a enfin pu reconnaître en janvier 2015 – SEULEMENT ! - que les animaux pouvaient bien être considérés comme des « êtres sensibles » et non plus seulement comme des … meubles, une bizarrerie juridique entretenait depuis Napoléon un paradoxe entre droit pénal et droit civil !


Cette illustration sous forme de BD par Marine Spaak pour l'INRA présente le sujet de manière accessible et pédagogique : ici.


Chez les invertébrés

Des émotions aussi bien chez Lassie que chez Maya ?


Si nous savons que nos compagnons à 4 pattes ou d’autres mammifères sociaux éprouvent des sentiments, il semblerait que les insectes aussi comme les abeilles - en plus d'être des animaux éminemment sociaux - domestiques ou plus étonnant les mouches pourraient expérimenter des embryons d’émotions primitives, telles que le stress ou la peur, qui influenceraient leurs comportements sociaux dans le cas des abeilles par ex. et la prise de décision en général : lien ici et : ici.


L'alvéole à moitié vide ou à moitié pleine


Cet article décrit des expériences où des bourdons réagissent avec des états qui oscillent entre des formes de pessimisme ou d’optimisme suivant les stimuli et mettent en évidence le lien avec la dopamine, hormone qui agit aussi sur l’humeur des humains et les mécanismes de récompense à l’œuvre.


Pour ces chercheurs, l’heure est arrivée pour l’humanité de s’« émouvoir » un peu moins de la subjectivité de nos interprétations et de s’intéresser un peu plus à l’étude des comportements subjectifs chez les autres espèces ; études qui pourraient apporter une meilleure compréhension de ce que sont les émotions en général et une meilleure détermination des mécanismes cérébraux sous-jacents à l’ensemble de l’espèce animale. Pour faire simple : Apprends-en mieux sur les animaux et tu te connaîtras toi-même !

- Des petites créatures qui ne cesseront jamais de nous étonner -


De la nécessité de changer de regard


De l’animal gadget, simple compagnon, source de loisir, animal-machine, à qui on attribuait ou on continue d’attribuer des fonctions biologiques réflexes ou subalternes pour les espèces que nous considérons inférieures, il est nécessaire de passer à une vision plus juste dans le regard humain. Il apparaît ainsi que des comportements sociaux primaires pourraient être à la base de l’essor de comportements plus complexes d’entraide et de solidarité. S’y ajoutent la symbiose, le commensalisme ou le mutualisme dans le règne végétal, tendant à démontrer que, loin d’une compétition acharnée et destructive, ce sont des mécanismes co-constructifs qui sont à la base d’une biodiversité élégante, riche et variée interagissant avec sensibilité dans son environnement. Aussi, en cessant d’établir une hiérarchie discriminante entre l’humain et le reste du vivant, qui accorde seulement aux premiers les comportements et aptitudes les plus nobles, nous pourrions enfin mieux considérer, respecter et contribuer à préserver cette biodiversité, peu en importe la forme et la valeur selon nos critères habituels, car ainsi c’est notre sensibilité et celle de notre monde que nous allons également préserver.


Pour aller plus loin :


  • Activités avec les enfants :

- Programme de sciences participatives : vigie-nature ou spipoll.

- Identification des insectes en balade grâce aux applis mobiles (ça marche aussi avec un bon vieux bouquin !) : Liste d'apps à télécharger sur son smartphone.


  • Quelques ouvrages de référence :

- Eric Baratay, “Le point de vue animal”, éd. Seuil : Description ici.

- Vinciane Despret, “Que diraient les animaux si … on leur posait les bonnes questions”, ed. La découverte : Description ici.

- Eric Darrouzet et Bruno Corbara, “Les insectes sociaux”, éd. Quae : Description ici.


  • MOOC et conférences :

- Pablo Servigné sur la compétition versus coopération : vidéo ici.

- MOOC “Vivre avec les autres animaux” : Inscription ici.


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